Journal de bord – Jour 1 – 03 juin 2014 – Stop the grind 2014
J’ai tenu un journal de bord pendant une partie de la campagne Sea Shepherd Stop the Grind 2014 (juin 2014). A travers lui, j’espère pouvoir vous faire découvrir l’engagement des volontaires Sea Shepherd venus des 4 coins du monde pour la sauvegarde des baleines pilotes, les actions terrain réalisées, les succès accomplis, le point de vue des féringiens. Avec lui, je souhaite vous faire partager les instants uniques et flottants d’une aventure humaine des temps modernes; et enfin vous prouver par l’exemple que l’action permet de changer les choses. Voici donc la première page de mon journal de bord, celui d’un « vomitérien ». Action. Pour les océans. Et c’est bien là le principal !
Journal de bord – Jour 1 – 03 juin 2014 – La Rochelle – (46.167 46° 10’N | -1.167 1° 10’W)
Je laisse derrière ma famille et un associé débordé par nos clients, pour embarquer du port de La Rochelle sur un destrier noir, le fameux Columbus, bateau emblématique du célèbre skipper Jean Yves Terlain et navire ambassadeur de la campagne Sea Shepherd « Stop the Grind 2014 » sur les Îles Féroé. Cet Open 60 de 18 mètres (60 pieds), flanqué du drapeau pirate, fut remanié pour en faire un vrai bateau de travail, avec une timonerie pour naviguer au chaud. Pouvant accueillir 18 personnes en navigation et une quarantaine de visiteurs lorsqu’il est à quai pour ses missions d’informations, il a fière allure dans le port de La Rochelle.
Des toiles verticales permettent de transformer en quelques minutes la partie du pont, qui est couverte, en bureau pour les scientifiques ou en salle de projection pour les visiteurs / enfants. A l’intérieur c’est plutôt dans le style « loft spacieux » : 1m50 de hauteur (pratique pour les nains !), 9 couchettes d’1m70 dont une double, et une odeur de gasoil digne des plus belles raffineries. Le bateau est prêt pour mettre le cap sur les Îles Féroé, protectorat danois situé dans l’Atlantique nord, un groupe d’îles verdoyantes, perdues entre l’Islande et la Norvège, où les baleines pilotes sont massacrées par milliers par des guerriers vikings à la testostérone débordante.
19h03, le navire est encore à quai, les derniers préparatifs se terminent. Nous finissons le chargement des dons alimentaires provenant des collectes réalisées par tous les groupes locaux Sea Shepherd en France (au passage merci à eux et aux Biocoop). Nous nous livrons à l’exercice des photos de classe devant les rochelais venus en nombre. Les membres d’équipage, qui devront parcourir une longue route avant d’atteindre les Îles Féroé, se rencontrent pour la première fois. Dans leurs yeux la même passion et sur le coeur un même blason (le « Jolly Roger », logo Sea Shepherd). Tous rêvent enfin de mettre les voiles, d’ouvrir le journal de la mission. Le départ approche.
<img class= » wp-image-8048 alignright » title= »Journal de bord – logo mission » src= »http://ayrine.com/wp-content/uploads/2014/07/logo2014-296×300.jpg » alt= »Journal de passerelle » width= »154″ height= »155″ srcset= »http://ayrine.com/wp-content/uploads/2014/07/logo2014-296×300.jpg 296w, http://ayrine.com/wp-content/uploads/2014/07/logo2014-80×80.jpg 80w, http://ayrine.com/wp-content/uploads/2014/07/logo2014-36×36.jpg 36w, http://ayrine.com/wp-content/uploads/2014/07/logo2014-180×180.jpg 180w, http://ayrine.com/wp-content/uploads/2014/07/logo2014-120×120.jpg 120w, http://ayrine acheter viagra espagne.com/wp-content/uploads/2014/07/logo2014-450×455.jpg 450w, http://ayrine.com/wp-content/uploads/2014/07/logo2014.jpg 632w » sizes= »(max-width: 154px) 100vw, 154px » />
19h44, Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, entourée des volontaires qui vont partir sur la mission, s’apprête à prendre la parole devant la centaine de rochelais et les media nationaux & locaux présents. Calmement, mais avec détermination, déjà cheveux au vent, elle rappèle les enjeux et les objectifs des missions Sea Shepherd à travers le monde et notamment ceux de l’opération « Stop the grind 2014 » sur les Îles Féroé :
1 ) Empêcher les massacres de baleines pilotes (les fameux « grinds »). En effet, et n’en déplaise à l’office du tourisme fériengien ubuesquement aveugle sur le sujet, ces îles magnifiques abritent des vikings accros aux films gores, ambiance massacre à la tronçonneuse. Sur des plages de cartes postales, se déroulent, à nos portes, et en toute impunité le plus important massacre de mammifères en Europe. En famille et dans une ambiance champêtre, chacun avec son croc de boucher, les féringiens s’appliquent à transmettre cette tradition ancestrale sanguinaire. Chaque année, de juin à septembre, des milliers de baleines pilotes sont rabattues pendant des heures depuis le large pour être ensuite égorgées dans une ambiance festive sur les plages. Une fois le massacre effectué, elles sont ensuite rejetées à l’eau dans des cimetières marins (la viande n’est que très peu consommée à cause des taux extrêmement élevés de PCB et de mercure). Il n’y a aucun survivant parmi les groupes de baleines capturés. Hécatombe séculaire sanguinaire qui porte haut les couleurs d’une affamation et d’une honte sans cesse renouvelées.
2) Positionner la flotte Sea Shepherd sur les zones renégates des fameux grinds. En effet, constituées du Columbus, de 4 vedettes rapides spécialement conçues pour la mission et appuyées par des volontaires à terre répartis sur les différentes îles (vigies), les équipes de volontaires Sea Shepherd comptent se déployer sur l’ensemble des zones de grinds de l’archipel et ainsi montrer aux féringiens qu’il ne sera pas possible de massacrer en toute impunité des milliers de baleines pilotes, juste comme ça, par tradition et / ou par plaisir. Les territoires sont immenses, les vents et les courants capricieux, mais les équipes sauront relever ce défi.
3) Repérer les bancs de baleines pilotes dans l’archipel féringienne pour les protéger des centaines de bateaux à moteur vikings venus les rabattre. Grâce au Columbus, aux vedettes rapides et aux vigies à terre, les volontaires Sea Shepherd scruteront l’horizon à l’unisson pour être les premiers sur les positions des possibles zones de rabattage des baleines. Les Îles Féroé sont un labyrinthe, un groupe d’îles d’où peuvent surgir des hordes de bateaux à moteurs venus exécuter une mission bien funeste. Les équipes Sea Shepherd doivent pouvoir intervenir très rapidement sur ces zones pour éviter que de telles orgies barbares ne se produisent.
4) Informer les citoyens féringiens sur les impacts de tels massacres : disparition d’espèces protégées, extrême souffrance animale, dangers sanitaires liés à la consommation de viande de baleine (taux très élevés de mercure et de PCB. Les médecins de l’archipel déconseillent fortement aux femmes enceintes d’en manger sous peine de malformations congénitales …), non respect des lois européennes en vigueur (notamment la Convention de Berne sur la protection des espèces marines), image de marque désastreuse pour le tourisme des Îles Féroé, baisse à terme des nombreuses subventions européennes.
21h24, les derniers aurevoirs, des baisers volés sur le bord d’un quai, des mains tendues vers l’horizon comme pour nous accompagner, nous quittons le port de La Rochelle, le drapeau pirate hissé et déjà balloté par les vents. Mes premières lignes sur ce journal. A bord du monocoque, des pirates chasseurs de pirates, une équipe Sea Shepherd hétéroclite, passionnée, motivée, animée par le même destin, celui de la mer et de ses habitants, la même envie, le même engagement pour une noble cause avec le panache en plus :
– Jean Yves Terlain, propriétaire du Columbus et du voilier trois-mâts légendaire Vendredi 13, skipper français de renom, pionnier du Vendée Globe en 1989, avec plusieurs transats anglaises à son actif, la Route du Rhum, … et des engagements répétés d’abord auprès de WWF et enfin depuis 2012 auprès de Sea Shepherd France. Il est aussi l’auteur de la célèbre maxime bien connue de tous les marins : « Le point G d’un port c’est au fond !! »
– Richard Merigeaux, le capitaine sur la mission. Formateur à l’école maritime puis Capitaine 200 voile depuis plus de 15 ans, équipier bénévole sur Pen-Duick avec Eric Tabarly, 22 fois l’Atlantique dont 2 fois en solitaire (mini transat), plus de 45 fois le golfe de Gascogne, skipper de la fameuse expédition Coriolis 14, 2ème marin au monde à bord d’un voilier à passer le détroit du prince de Galle, plus de 200 000 miles au compteur. Richard c’est du lourd ! Sa phrase clé sur le navire : « Ce ne sont pas des globicéphales que je vois la bàs ? »
– Jean Chaussat, ancien champion de France de catamaran, plusieurs fois médaillé au niveau européen, convoyeur au long court à travers le monde, second de talent sur cette mission auprès de Richard, joueur émérite de génois, de grand voile et de Yams. Un sourire enjôleur et toujours de bonne humeur. Sur le Columbus, c’est Jeannot mais pas lapin, car cela porte malheur sur un bateau. Une passion et un talent pour la mer. Sa phrase clé sur le bateau : « Bon, c’est pas tout ça, mais quand est ce qu’on mange ? »
– Jérôme, l’oeil du tigre sur le bateau, photographe de talent tout terrain, il est aussi toujours le premier pour les manoeuvres de navigation. Il a laissé femme et enfant pour embarquer sur le Columbus pendant 4 mois. Il est membre du collectif photo bonpiedbonoeil. Il canarde tout, y compris les renégats si besoin. Un homme de coeur et de convictions. Sa maxime sur le navire : « Hey, Richard, je peux hisser le génois, hein, je peux ? »
– Jean-François Dublé , votre dévoué, le gars qui découvre la navigation (ma première fois en mer sur un voilier). Le 2ème oeil du bateau en appui de Jérôme, dit vomito, notamment les 3 premiers jours de mer ! Le scribe, l’auteur de ce journal. Sa phrase clé sur le bateau : « Bon les gars, je vais vomir, je reviens »
23h20, la mer est calme. Nous passons le pont de l’île de Ré, éclairé de son écharpe scintillante. Un spectacle majestueux et un premier repas sur le pouce qui s’organise. Il faut remplir les estomacs, avant le grand bond, le large.
01h05, Richard et Jean prennent leur quart de navigation pour la première fois du voyage. La première page d’un journal… Les autres membres d’équipage, tels des petits rats rejoignant leur terrier, descendent dans le ventre du navire. Installé dans ma petite barquette, humant les douces fragrances de gasoil des moteurs, je positionne mon gilet de sauvetage à mes pieds et superpose hâtivement 3 couches de vêtements pour ne pas congeler. Je me glisse dans mon sac de couchage, bercé par une mer qui ne me fait pas encore lâcher plein de petits renards. Je m’endors paisiblement avec une mélodie en tête ….https://www.youtube.com/watch?v=NrgcRvBJYBE
Retrouvez prochainement la suite de ce journal de bord.